Nous présenterons dans cet exposé les développements récents (nous n’osons pas dire les résultats) de la sémantique argumentative. Fondée par Anscombre et Ducrot, la sémantique argumentative soutient que le sens de nos énoncés est constitué de points vue préfigurant la suite du discours. Dire « je suis presque prêt », c’est envelopper son retard d’un point de vue positif préparant la réponse « je t’attends » ; dire « ce dossier est très bon », c’est déjà dire qu’on doit recevoir le candidat.

La Théorie des Blocs Sémantiques s’inscrit dans cette perspective. Le sens d’un énoncé y est décrit par une famille organisée d’enchaînements argumentatifs, construits par la signification des mots eux-mêmes ou par leurs agencements  grammaticaux. La signification du mot « lieutenant » conduit ainsi à paraphraser « un lieutenant criait » par « une manœuvre était à faire donc un lieutenant criait » et l’entrelacement « sa mauvaise vue ne l’empêche pas de lire » sera paraphrasé par « il voit mal pourtant il parvient à lire ». Nos discours articulent ces argumentations, en les opposant, les mettant en relation graduelle, ou encore en les regroupant comme autant de facettes d’une même idée.

Nous reviendrons, dans ce cadre, sur les questions qui sont actuellement développées et que l’on peut organiser autour de deux thèmes : l’opposition entre décodage et interprétation argumentative et l’énonciation linguistique.